Consanguinité et programme d’élevage

La consanguinité :

C’est dans les années 1920, que Sewall Wright, mathématicien et généticien américain, à partir d’un pedigree connu, définit deux valeurs mathématiques : le coefficient de relation (a) et le coefficient de consanguinité (ico ou coi). En élevage nous utilisons principalement le coefficient de consanguinité, c’est un outil indispensable qui permet de faire ses choix d’élevage.

Le coefficient de relation dit a :

Ce dernier définit la quantité d’ADN qu’on en commun deux individus d’une même famille ou de même pedigree.

Cela est valable car le chat comme l’humain est diploïde, c'est-à-dire que nous avons la moitié de l’ADN de notre mère et l’autre moitié de notre père. Si deux animaux ne sont pas liés génétiquement leur coefficient est de 0, s’ils ont un ancêtre commun il sera supérieur à 0.

 

Exemple : un père et ses enfants ont 50% d’ADN en commun, ainsi qu’un frère et une sœur.

Le coefficient de consanguinité dit ico ou coi :

Ce dernier définit la perte de variation génétique d’un individu, dû à ses ancêtres commun autant du côté maternel que paternel.


Définitions :

Homozygote signifie avoir hérité du même "gène" pour un trait particulier des deux parents, par exemple pour la longueur de la fourrure. Sauf mutation aléatoire, 100 % de la progéniture d'un individu homozygote héritera de ce gène. La consanguinité augmente l'homozygotie en "fixant" un trait particulier. Les animaux de race présentent un degré élevé d'homozygotie par rapport aux animaux dits de races mélangés et aux animaux dits européens. Lorsqu'un animal de race est accouplé avec un autre de la même race, la progéniture aura des caractéristiques uniformes et ressemblera aux parents.

Hétérozygote signifie avoir hérité de chaque parent d'un gène différent pour un trait particulier. Par exemple, un gène pour la fourrure longue (récessif) et un gène pour la fourrure courte (dominant). 50% de la progéniture d'un individu hétérozygote héritera d'une forme et 50% héritera de l'autre. Un "outcross" soigneusement contrôlé augmente l'hétérozygotie pour des traits sélectionnés en introduisant de nouveaux gènes dans la progéniture hybride.


Comme nous sommes diploïdes, chaque parent nous donne la moitié de son ADN, si des gènes hétérozygotes M/N sont portés par nos 2 parents leur union créera des enfants hétérozygotes et homozygotes. Le problème de l’homozygotie est que les mutations récessives s’y accumulent, provoquant une augmentation de risques de maladies récessives dans une famille.

 



Donc un père et sa fille ont 50% d’ADN commun (coefficient de relation), mais on si on marie un père et sa fille nous avons une déperdition génétique de 25%. En moyenne, l’enfant perdra 25% de la variation génétique M/N, et une gaine de 25% d’uniformité génétique se créera chez l’enfant M/M ou N/N. Donc, l’utilisation abusive de la consanguinité a pour effet d’augmenter l’expression des gènes homozygotes, et diminue l’expression des gènes hétérozygotes.

Les conséquences de la consanguinité

Afin de fixer le type, qui est la base de toute race, la consanguinité a été utilisée pour augmenter l’uniformité du phénotype (utilisation des clones et top 5 chez le Maine Coon).

Les conséquences de cette consanguinité, qui devient presque incompressible chez le Maine Coon, a de fortes conséquences sur la race, comme toutes les autres par ailleurs. Elle inclue une diminution de la vitalité, un poids réduit, une réduction de la fertilité, un taux de croissance réduit, une augmentation des défauts congénitaux, une augmentation de mortalité, une espérance de vie plus courte que la normale, et une augmentation des maladies génétiques de type récessif. Plus il y a de consanguinité dans une lignée, plus la dépression est importante.

Pedigree et utilisation de la consanguinité

Dans l’élevage de chats, nous avons la chance de pouvoir utiliser pawpeds ( https://pawpeds.cohttps://www.pawpeds.com/cms/index.php/en/m/). Cette base de données nous permet de remonter sur de nombreuses générations, et d’avoir un bon visuel de la consanguinité sur les lignées que nous travaillons. Car il ne faut pas oublier que plus il y a de générations, plus le coefficient de consanguinité, sera représentatif du génome du chat. En effet, en ne se basant que sur 1 ou 2 générations, nous aurons un coefficient qui sera anormalement bas.

 Exemple : sur un chat de lignée traditionnelle on peut être à 0% sur 1 générations et 14% sur 4 générations. Et cela n’est pas la même chose, il faut bien utiliser la base de données pawpeds (lhttps://chatterie-arkenstone.elevage-professionnel.com/blog/comment-utiliser-la-base-de-donnees-pawpeds-pour-etudier-un-pedigree). Cela signifie que chez ce chat, porteur des gènes hétérozygotes des gènes M/N, il y a 14% de ces gènes qui seront homozygotes M/M ou N/N sur sa descendance. Donc une perte de la variation de la génétique ou une uniformisation des gènes. 

Il faut bien être conscient que si l’uniformisation de certains gènes est bénéfique pour le type, elle entraîne immanquablement une uniformisation des tares également. Car il faut garder en tête que le coefficient de consanguinité est une donnée globale.

Il est raisonnable et recommandé de garder un indice de consanguinité inférieur à 10%, car cela permet d’avoir des traits communs importants pour la race, mais évite d’avoir trop d’effets nuisibles sur la lignée.

Programme d’élevage

Il existe plusieurs formes ou méthodes d’élevage :

 L’inbreeding est un accouplement dans la même famille, avec des ancêtres communs du côté paternel et maternel du pédigrée.  Autrement dit, c’est un accouplement incestueux. Cela permet souvent de « fixer » des traits dans la race.

Le linebreeding (le plus courant) est un accouplement entre des animaux de la même race, avec des traits semblables mais provenant de lignées différentes, avec aucuns ou très peu d’ancêtres communs.  Ainsi, il n’y a pas (ou très peu) d’ascendance commune.  C’est un compromis entre respecter les traits désirés de la race tout en maintenant une génétique équilibrée chez les progénitures.  Le coefficient de consanguinité des progénitures reste à peu près le même que les parents.  Toutes les races de chats ne disposent pas du nombre suffisant d’animaux pour soutenir ce type d’élevage.

L’outcrossing est un  accouplement d’animaux de même race ou de races similaires ( nouveaux fondations chez le Maine Coon), à partir de lignées complètement différentes où les traits ne sont pas nécessairement similaires.   Il n’y a pas d’ancêtres communs.  Les traits physiques désirés ne sont pas nécessairement conservés dans la progéniture.  La variation génétique de la progéniture est augmentée par rapport à celle des parents, réduisant ainsi le coefficient de consanguinité.

Le crossbreeding est un accouplement entre deux individus de deux races différentes ; il n’y a pas d’ancêtres communs.  Ni le type du parent paternel ni celui du parent maternel ne sont conservés dans la progéniture. La variation génétique de la progéniture est augmentée comparé aux parents, et le coefficient de consanguinité est diminué. 

Et pour résumé ces différents types d’élevage, voici un tableau avec les avantages et inconvénients de chaque méthode. 

   

Sources :

http://messybeast.com/inbreed.htm

http://labgenvet.ca/genetique-du-chat-4-0-levolution-les-races-les-strategies-daccouplement-et-la-consanguinite/#la-consanguinite